Les Tambours de la pluie
Titre original : Kështjella (1970)
Auteur : Ismaïl Kadaré
Trad. de l’albanais par Jusuf Vrioni
342 p.
Folio, 1993 (1142)
Des remparts ensanglantés que des dizaines de milliers d’hommes tentent, malgré tout, d’escalader; un commandant en chef, dont le sort est dramatiquement lié à la prise de ces murs ; une angoisse constante, sous un soleil torride.
Les événements se déroulent au XVè siècle. La place assiégée est une citadelle albanaise. Elle évoque parfois Troie, avec ce cheval assoiffé, vivant cette fois, qui tournoie autour d’elle. Et elle rappelle à plus forte raison l’Albanie moderne des années 60, que les pays socialistes soumirent à un blocus implacable. Précise somme un procès verbal, cette chronique impitoyable d’une succession de journées gorgées de chaleur, de cruauté et de mort, vous introduit lentement dans son angoisse, une angoisse étrange, pleine de soleil et d’une aveuglante lumière.
Le Challenge Autour du monde littéraire a été une bonne occasion de sortir enfin ce classique de la littérature albanaise de ma PAL.
J’ai découvert une partie de l’histoire de ce pays que je connais si peu. Ismaïl Kadaré remonte à des événements qui se sont déroulés au XVème siècle. En l’an 1443, alors que l’Empire Ottoman est aux portes de l’Europe centrale, les albanais de Georges Kastriote s’échappent au nez du Sultan. C’est le début d’un long conflt entre l’immense empire turc et l’Albanie. Les invasions se succèdent saison après saison, les sièges s’éternisent, les sultans se substituent sans succès. L’auteur nous raconte ici un de ces sièges. Et il le raconte du point de vue des turcs (entrecoupé de courts passages en italique du point de vue des assiégés).
Le siège se met en place sous nos yeux. Les troupes turcs se mettent en place. Il faut alors s’adapter au contexte historique et au vocabulaire militaire de ces peuples et de cette époque. J’avoue avoir été un peu perdue au départ entre les différents grades (castes?) et leurs prérogatives. Heureusement, on retrouve un petit lexique dans l’introduction ! On rencontre divers corps de l’armée de l’infanterie à la cavalerie, mais aussi des astrologues, un poète, un chroniqueur… Divers personnages qui apportent un témoignages différents de l’événement. Et même si au départ j’ai été désorientée par ce vocabulaire et le style classique, j’ai appris à connaître les différents protagonistes. L’auteur alterne une vision sauvage, primaire, rustre des turcs avec une vision plus favorable en expliquant leur créativité militaire (armement, mise en place des attaques). Cependant, on ressent l’amour de l’auteur pour son pays et sa culture en montrant le courage, l’impétuosité, la résistance de son peuple pendant des années.